dimanche 26 juin 2016

De Charybde en Scylla : Extrait 3

Chapitre 2 - SCYLLA

Le soleil pointe à mi-hauteur dans le ciel dégagé. Jake ne se trouve plus dans son bureau. Le décor familier a laissé la place à un paysage sauvage et montagneux. Le jeune homme regarde tout autour de lui, éberlué par ce changement soudain. Comment peut-il se trouver dans un endroit, vraisemblablement à des centaines de kilomètres de New York,  alors que quelques secondes plus tôt il discutait avec son meilleur ami dans les locaux de sa propre entreprise ?
— Alors qu’est-ce que tu attends ? Je croyais que tu voulais atteindre le sommet rapidement pour prendre des photos avant que l’autre groupe arrive ? Tu sais qu’ils ne sont pas très loin…
Il sursaute, se retourne d’un coup. Gabriel se tient juste devant lui, un peu plus haut dans le petit sentier escarpé, recouvert de pierres et de quelques herbes jaunies.
— Quoi ? s’entend-il prononcer alors que son cerveau tente désespérément d’analyser ce qu’il est en train de se passer.
Son ami est vêtu d’un pantalon de randonné et d’une chemise légère à moitié ouverte. En baissant les yeux, Jake constate qu’il porte de solides chaussures de marche. Tout comme lui.
Et il se tient debout.
La constatation le saisit d’un coup. Il se tient debout ! Ses jambes, ses jambes qu’il n’a pas vues depuis plus de trois mois sont là, juste sous ses yeux ! Il relève la tête regarde, effaré, son ami qui hausse un sourcil plein d’incompréhension.
— Ça va ? demande-t-il.
Est-ce que ça va ? Toute la question est justement de savoir s’il est en train de rêver, s’il a sombré dans la folie ou s’il a mystérieusement été happé dans la quatrième dimension. Mais où se trouve-t-il et pourquoi est-ce qu’il a l’impression d’avoir fait un bon de six mois dans le passé ?
Et si c’était le cas ?
Non. Il n’a jamais vécu cette scène auparavant. Le souhait qu’il a formulé silencieusement chaque soir depuis l’accident ne s’est donc pas réalisé.
Sauf que si. Car il a de nouveau ses jambes.

De Charybde en Scylla : Extrait 2

Des nouvelles du front :


Avancée :
14 pages écrites - 7739 mots
Chapitre 1 terminé - Chapitre 2 en cours

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Extrait 2 :

Chapitre 1- CHARYBDE : 
Jake s'est finalement rendu au siège de l'entreprise familiale et reçoit la visite d'un proche :


Gabriel Lightman est le meilleur ami de Jake. C’est aussi un parfait Adonis qui fait retourner sur lui toute la gente féminine, de sept à soixante-dix-sept ans. Ainsi que pas mal d’hommes d’ailleurs. Si Jake se situe –se situait - au-dessus de la moyenne grâce à des traits fins et une carrure assez athlétique, il n’a jamais réussi à rivaliser avec celui qui, à lui seul, représente l’ensemble des canons de la beauté. Gabriel est un ancien quarter-back, musclé jusqu’au bout des orteils et dont les yeux clairs contrastent idéalement avec ses cheveux noirs. Parfait, en somme. Non pas que Jake soit jaloux - il possède une chose que Gabriel n’a pas : l’argent - mais il se demande juste comment mère Nature peut parfois engendrer des êtres si parfaits sur le plan physique.
Ou comment elle peut les ravager en un seul instant.
Du haut de son mètre quatre-vingt-treize, Gabriel le couve d’un regard bienveillant. Le fait que Jake soit cloué dans un fauteuil roulant accroît encore plus cet écart qui les sépare. Car si son ami lui est indéniablement supérieur sur le plan physique, il l’est également sur le plan humain. Une supériorité qui reste toutefois relative, car Jake sait qu’il surpasse son ami au niveau financier et, surtout, de l’intelligence. Il fait un léger signe de la main à Mona qui s’éclipse aussitôt. Désormais seuls, les deux hommes se contemplent un instant en silence. Gabriel doit se sentir mal à l’aise, car il s’assoit face à son ami sans même y avoir été convié, un geste surprenant pour un jeune homme d’ordinaire respectueux de l’étiquette.
— Alors, commence Jake en écartant les bras. Tu es passé voir la star du jour ?
Son ton reste aimable mais Gabriel saisit l’ironie sous-jacente.
— Est-ce que tu aimes ma nouvelle coupe de cheveux ? J’ai été obligé de faire court après qu’ils m’aient rasé une partie du crâne à l’hôpital. En tout cas, ça vous change un homme !
Cette fois Gabriel ne peut réprimer une grimace. Bizarrement, sa réaction ne plait pas autant à Jake qu’il l’avait  imaginé.
(...)
Le blessé a visiblement le chic pour agacer tous ses proches. Il s’en rend compte mais ne souhaite pas faire d’effort pour y remédier. Il n’en a pas la force.
— Pas la peine.
— De quoi ? demande Gabriel, surpris.
La voix posée de l’ancien athlète réussit presque à le faire changer d’avis. Gabriel le diplomate, le véritable boy scout, toujours prêt à secourir la veuve et l’orphelin et même parfois un milliardaire cul-de-jatte.

samedi 18 juin 2016

De Charybde en Scylla : Extrait 1


Aux cartes il est souvent coutume de tapoter deux petits coups lorsqu’un joueur n’en a plus qu’une en main et qu’indéniablement il va bientôt mettre fin à la partie. Peut importe la prochaine action de ses adversaires, il est désormais quasiment impossible pour eux de pouvoir s’en sortir. Ils sont fichus, point barre.
À cette heure tardive de la matinée, alors que ce tapotement infernal résonne à la porte de sa chambre, Jake Sullivan ressent cette exacte sensation. Il ne tourne même pas la tête pour découvrir son visiteur. Aucune utilité, il connaît déjà l’identité de l’intrus. En dehors des infirmiers et des domestiques, la seule autre personne osant perturber ainsi son intimité n’est autre que son cher paternel. Cette idée ne lui plaît pas. Absolument pas. Par réflexe, les doigts de sa main droite se crispent sur le bras du fauteuil qu’il occupe.
Il ne souhaite pas cette entrevue. La simple vision de son géniteur l’irrite au plus haut point. Non pas que le personnel médical ou les femmes de ménage aient droit à un accueil plus chaleureux de sa part mais Walter Sullivan avait su acquérir au fil des années, un ressentiment profond de la part de son fils unique.
— Tu n’es pas sorti aujourd’hui.
Voilà. Pas même un « bonjour », un « comment vas-tu ? », même si cette dernière question relèverait en fait de la plus profonde ineptie - et son père est loin d’être idiot - mais une simple remarque. Une constatation acerbe déclarée avec le ton adéquat, bien sûr, histoire d’enfoncer un peu plus le clou. Pas de quoi prendre la mouche, cependant. Il s’agit là d’une petite routine père-fils qu’ils ont mis en place depuis des décennies.  Les relations ont toujours été tendues entre eux mais elles se sont empirées depuis…
— Non, effet, répond-t-il d’une voix atone.
Il n’a toujours pas tourné la tête. Ses yeux d’un bleu pâle continuent à fixer le journal qu’il fait mine de lire depuis maintenant plusieurs minutes. Il n’a aucune idée que ce qui y est écrit. Aucune importance, il lui reste encore tout l’après-midi pour y remédier. Ainsi que la soirée. De longues heures d’oisiveté et d’ennui qu’il tâcherait de combler par le néant.
— Il fait beau dehors, poursuivit son père, cette fois d’un ton plus amical. Tu pourrais en profiter pour faire un tour dans le jardin. Le soleil te ferait du bien.
— Je doute fort que le soleil puisse faire quoi que ce soit pour moi, rétorqua-t-il sans hausser le ton.
Malgré l’agacement ressentit, il murmurait presque. Avec un peu de chance, son absence de réaction découragerait l’ennemi et il pourrait enfin retrouver sa tranquillité tant désirée. La seule chose qu’il pouvait espérer obtenir à présent.
— Et donc… tu comptes rester enfermer encore toute la journée ?
— Tu connais déjà la réponse, alors pourquoi poses-tu la question ?
Cette fois il daigne porter son attention sur son visiteur. La tactique de l’ignorance ayant lamentablement échouée, il se décide à essayer une nouvelle approche.
— Je n’ai aucun désir d’aller faire une petite balade dans le parc ou dans n’importe quel autre endroit, d’ailleurs. Je n’ai pas non plus envie d’aller au bureau, puisque je suppose que c’est ta prochaine question, et je n’ai pas non plus envie de quitter cette pièce. Je peux consulter mes messages et les derniers depuis cette pièce, grâce à cet ordinateur…
Il indiqua de la main le Mac dernier cri qui se trouvait devant lui. Le poste était en veille depuis plusieurs minutes mais ça son père l’ignorait.
— Le télétravail tu connais ? C’est dingue ce que ça peut être utile pour certaines personnes. Les handicapés comme moi, par exemple.
— Arrête, prévient Walter en s’approchant.
Les lèvres serrées, son père semble contenir difficilement sa colère. C’est à se demander lequel des deux est un grabataire sans avenir.
— Quoi ? C’est la vérité, non ? En fait tu refuses toujours de l’accepter, parce qu’un homme aussi puissant que Walter Sullivan ne peut en aucun cas avoir un fils impotent. Son fils unique, son seul héritier !

Nouveau projet : De Charybde en Scylla

Hé voilà, en parallèle de mon projet d'écriture à quatre mains avec Gaëlle, je me suis enfin décidée à me lancer dans un nouveau roman. En fait j'ai le pitch en tête depuis des mois mais je n'avais pas réussi à passer le cap avant hier après-midi. Et voilà maintenant je suis partie :)



Titre du roman : De Charybde en Scylla

Genre : Fantastique

Public visé : Adulte, jeune adulte

Nombre de signes prévus : environ 40 000

Résumé :
Jeune trentenaire plein d’avenir, héritier d’une entreprise familiale fleurissante et sportif patenté, Jake Sullivan est victime d’un grave accident qui le laisse lourdement handicapé. Affecté tant sur le plan physique que psychique, celui qui était autrefois le célibataire le plus couru de New York a bien du mal à surmonter ce terrible traumatisme et sombre peu à peu dans la dépression. Pourtant, il lui arrive de quitter ce monde et de rejoindre ses précieuses montagnes à l’abri de la douleur, de la colère, de la peur. Un nouvel univers qui semble si réel qu’il ne parvient plus à différencier le vrai du faux. Mais lorsque son échappatoire tourne peu à peu au cauchemar, Jake doit lutter de toutes ses forces pour survivre.


Outils / méthodes utilisés : Méthode flocons, du moins en partie et Word