dimanche 4 septembre 2016

De Charybde en Scylla : Extrait 11


 Bilan hebdomadaire

Bon j'ai réussi à reprendre un (petit) rythme d'écriture. Moins important que ce que je faisais avant mais c'est toujours ça (écrire à une main n'est pas ce qu'on fait de mieux ^^). Mon bras va mieux néanmoins, et d'ici une bonne semaine je n'aurai plus d'attelle. Ce sera plus facile alors...
Le fait que je sois entrain de travailler un chapitre CHARYBDE m'aide beaucoup. Le problème c'est que je vais bientôt repasser à SCYLLA..


Avancée
82 et quelques pages écrites - 44242 mots
Chapitre 7 en cours


Extrait 11
Chapitre 7 - CHARYBDE

Note : A la fin du chapitre précédent (Scylla), Jake se bat contre Williams (du moins, il essaie et échoue lamentablement) et se blesse au genou en tombant sur son téléphone portable cassé


La douleur lui transperce le genou, irradie même son mollet. Il se redresse,  comme propulsé par l’élancement soudain.
Par réflexe, ses mains se précipitent sur son origine pour ne toucher que les draps froissés, humides de sueur. Il a beau tâtonner, il ne sent que le matelas inconfortable sur lequel il est étendu. Ses jambes qui le portaient encore il y a quelques instants n’existent plus.
Pourtant, il a encore mal.
Son genou continue de le faire souffrir exactement comme il le ferait si ce morceau de métal s’y trouvait toujours.
Sauf que c’est impossible. Il n’y a pas de débris, pas plus qu’il n’y a de jambes.
Devant lui, l’écran de télévision diffuse toujours un programme sportif, cette fois du baseball. La chambre d’hôpital est plongée dans la pénombre. L’unique source de lumière provient des lampadaires qui éclairent la rue en contrebas et d’un voyant lumineux situé au-dessus de son lit.
Il repousse les draps. Ses yeux commencent à s’habituer à l’obscurité, lui permettant de voir que ses moignons ne présentent aucune blessure. Il porte un pyjama d’hôpital bleu clair, dont il a retroussé les jambes. Il effleure les cicatrices encore récentes du bout des doigts. La douleur s’intensifie un peu plus mais elle ne provient pas de ce traumatisme ancien. Elle émane bien de son genou disparu.
Comme si le souvenir de cet autre univers persistait encore malgré son retour à la réalité.
Et il ne peut rien faire pour que ça cesse.
Bien sûr, il a déjà été victime du syndrome de membre fantôme, puisque c’est ainsi que le grand consortium médical appelle ce phénomène, mais jamais la douleur n’a été aussi vive. Il ressent le désir irrépressible d’arracher les fragments inexistants, d’appuyer sur la plaie imaginaire, d’apaiser le mal… À défaut, ses doigts se resserrent sur le drap blanc, tirent dessus dans l’espoir de pouvoir le contenir ou en tout cas de penser à autre chose.
Rien n’y fait. Il s’accroche. En plus de la souffrance, il a vraiment l’impression de pouvoir sentir le membre disparu. Son contour, sa teneur, les nerfs, les muscles… Son cerveau ne perçoit pas l’information donnée par ses yeux ou alors il refuse simplement d’en tenir compte. Pourtant Jake sait bien que ses jambes lui ont été arrachées à tout jamais, du moins dans la réalité.
Dans ce monde ci, le vrai.
Loin de la cabane de ranger et de Williams, de cet univers sans doute créé par son esprit sous l’influence d’une tumeur qui, Dieu soit loué, ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
(…)
Plusieurs minutes passent, sans que cette technique ne voie une quelconque amélioration. En désespoir de cause, le jeune homme décide d’utiliser une autre approche. De sa main, il vient tâter sa plaie à la tête. Le gros pansement trône toujours au niveau de sa tempe, en bon rappel de cet accident stupide qui a pourtant permis aux médecins de découvrir sa tumeur. Une mauvaise chose peut parfois en entraîner une bonne, se dit-il avant d’appuyer assez fort dessus pour provoquer une décharge. L’élancement lui déchire tout le côté droit du visage. Il retient un juron, grimace, regrette presque son geste. Sauf que ça a fonctionné. Enfin presque. La douleur de son genou est toujours là, bien présente malgré le membre inexistant, par contre elle est devenue supportable. Il soupire de soulagement. Il a un mal de chien au crâne mais au moins sa jambe (quelle ironie de penser ça !) va mieux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire