jeudi 20 octobre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 16



Le bilan hebdomadaire !
Je suis de nouveau en plein Scylla. le roman avance et peu à peu j'approche des chapitres finaux. il faut du coup que je fasse du trie dans toutes mes idées et que je commence à assembler le tout en quelque chose d'homogène et cohérent. Autant dire que ce n'est pas gagné...


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Avancée
133 pages écrites - 70 579 mots
Chapitre 12 en cours


Extrait 16
CHAPITRE BONUS (2) - LA PLAGE


Malmenée par le vent accru, une nouvelle vague vient s’écraser sur la plage, un peu plus loin que la précédente. Le ciel s’est voilé dorénavant. Le beau soleil qui illuminait un peu plus tôt le paysage idyllique est maintenant masqué par une flopée de nuages denses. Leur masse sombre s’expose dans le ciel assombri comme une menace prête à éclater. Les dunes sablonneuses sont à présent désertes. Les vacanciers ont préféré quitter le rivage avant que le temps ne tourne à l’orage. Seules trois silhouettes ornent encore son étendue ocrée. L’air s’est rafraichit. Il tournoie au-dessus de l’onde marine, regagne la côte, heurte l’unique parasol. Le tissu rouge résiste à cet assaut subit bien que la tige se mette à tanguer dangereusement. Il se met à pencher, prêt à s’effondrer mais le courant évolue, change sa route. Il s’enfuit, pour quelques instants…
Je vous avais bien dit que ces bourrasques étaient imprévisibles, se félicite l’aînée.
Tu veux toujours avoir raison de toute façon, rétorque la benjamine.
Arrêtez toutes les deux. Tâchons de profiter de ces derniers instants. Nous ne savons pas quand l’orage frappera. Ni même s’il le fera.
(…)
Nous devrions peut-être commencer à ranger, admet-elle.
Nous n’aurions même pas du déballer nos affaires, ajoute l’aînée dont l’humeur est maussade depuis l’aurore. Je savais que ce n’était pas un bon jour. Le temps.
Elle se redresse avec précaution à cause de son âge, avant de se mettre debout. Aussitôt une nouvelle rafale vient fouetter l’ample robe marine qui la recouvre.
Le temps est un élément essentiel. Il faut savoir le choisir avec soin. Aussi bien l’instant, celui du déclenchement, que sa durée.
Pfff…
La petite fille hausse les épaules. Elle a récupéré les commandes du cerf-volant. L’objet flotte toujours haut dans les airs, résistant encore à ses assauts. La corde reste bien tendue. Ce seul point d’attache entre le sol et une inéluctable perdition se trouve entre ses mains. 
(…)
Nous devons partir. Range-le ou laisse partir mais je ne veux pas rester ici. Il va finir par pleuvoir.
Encore un peu, tu vois bien qu’il peut tenir le coup !
Mais quelle enfant ! S’exclame la vieillarde. Elle n’écoute jamais rien, n’en fait qu’à sa tête.
(…)
Elle n’a pas encore reposé le cerf-volant. Le jouet virevolte toujours plusieurs mètres au-dessus d’elle, dans des mouvements saccadés et imprévisibles. Une nouvelle bourrasque le propulse d’un coup vers les terres. Surprise par l’assaut, elle lâche le moulinet avec un cri d’effroi.
Non !
Le précieux trésor s’envole au loin, aussitôt suivi par la petite. Elle courre de toutes ses forces, tentant de rattraper l’objet qui poursuit son voyage aux grés des courants aériens.
Reviens, il est trop tard !
Les deux autres femmes l’interpellent depuis le bord de la plage mais elle ne les écoute pas. Elle tente désespérément de rejoindre le jouet multicolore toujours emporté par le vent. La pluie continue de tomber. Ce ne sont plus quelques gouttes à présent, mais une véritable douche qui s’abat sur elle. Elle n’y prête pas attention. L’important est de récupérer son cerf-volant. À travers l’opacité de la tempête, elle peine à distinguer les couleurs autrefois chatoyantes des petits drapeaux. Mais elle persévère, refusant d’accepter l’échec. Sa jolie robe est maintenant trempée, tout comme son chapeau. Les fleurs qui l’ornaient n’ont plus rien d’attrayant. À présent elles ressemblent à réseau de lambeaux dégoulinants qui continue de se décomposer sous l’effet de la pluie. La benjamine du trio remonte toute la plage pour ensuite rejoindre le petit sentier qui conduit au village. Le cerf-volant est bien loin, à présent et elle n’aurait pas eu la moindre chance de le retrouver si sa course folle n’avait été stoppée par un arbre providentiel. C’est là qu’elle le découvre enfin. Perché tout en haut du végétal, entremêlé entre ses branches feuillues. Il semble abimé mais il n’est pas détruit.
C’est qu’il est solide son cerf-volant !

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