Chapitre 2 - SCYLLA
Le soleil pointe à mi-hauteur dans le ciel dégagé. Jake ne
se trouve plus dans son bureau. Le décor familier a laissé la place à un
paysage sauvage et montagneux. Le jeune homme regarde tout autour de lui,
éberlué par ce changement soudain. Comment peut-il se trouver dans un endroit,
vraisemblablement à des centaines de kilomètres de New York, alors que quelques secondes plus tôt il
discutait avec son meilleur ami dans les locaux de sa propre entreprise ?
— Alors qu’est-ce que tu attends ? Je croyais que tu
voulais atteindre le sommet rapidement pour prendre des photos avant que
l’autre groupe arrive ? Tu sais qu’ils ne sont pas très loin…
Il sursaute, se retourne d’un coup. Gabriel se tient juste
devant lui, un peu plus haut dans le petit sentier escarpé, recouvert de
pierres et de quelques herbes jaunies.
— Quoi ? s’entend-il prononcer alors que son cerveau
tente désespérément d’analyser ce qu’il est en train de se passer.
Son ami est vêtu d’un pantalon de randonné et d’une chemise
légère à moitié ouverte. En baissant les yeux, Jake constate qu’il porte de
solides chaussures de marche. Tout comme lui.
Et il se tient debout.
La constatation le saisit d’un coup. Il se tient
debout ! Ses jambes, ses jambes qu’il n’a pas vues depuis plus de trois
mois sont là, juste sous ses yeux ! Il relève la tête regarde, effaré, son
ami qui hausse un sourcil plein d’incompréhension.
— Ça va ? demande-t-il.
Est-ce que ça va ? Toute la question est justement de
savoir s’il est en train de rêver, s’il a sombré dans la folie ou s’il a
mystérieusement été happé dans la quatrième dimension. Mais où se trouve-t-il
et pourquoi est-ce qu’il a l’impression d’avoir fait un bon de six mois dans le
passé ?
Et si c’était le cas ?
Non. Il n’a jamais vécu cette scène auparavant. Le souhait
qu’il a formulé silencieusement chaque soir depuis l’accident ne s’est donc pas
réalisé.
Sauf que si. Car il a de nouveau ses jambes.
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