vendredi 16 décembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 23

Fini, finished, fertig, terminado, oetta, klaar, bref J'AI TERMINE

C'est pas fort ça ? Le jour de mon anniversaire en plus ! Je suis vraiment trop forte !

Sinon, ne serait pas l'heure du.... Bilan hebdomadaire ! 
Et dernier bilan du coup, parce que dès la semaine prochaine j'entame les corrections et, mon Dieu, il y en a un paquet de prévues (sans compter toutes celles que je vais découvrir :psycho: ).

Ce que donne la bête (pour le moment) :
191 pages - Environ 98000 mots (mon Word met trop de temps pour compter, ça me saoule) <- J'avais dit dans les 100 000 comme quoi j'avais du flair !
19 chapitres + 4 chapitres bonus

Extrait 23  :
Chapitre 18 - SCYLLA

Il s'agit d'un deuxième extrait issu de ce long chapitre mais cette fois, c'est un flash-back.

Sa mère porte sa robe blanche à dentelles. Celle qu’elle affectionne tant. Ses cheveux blonds ont été détachés. 
Jake n’avait pas encore eu la chance de rencontrer l’homme ou il ne s’en souvenait plus. Il avait hâte aussi de découvrir l’endroit où il vivait, si loin de la grande ville qu’il avait toujours connue. 
Et il n’a pas été déçu. Le ranch lui est apparu comme un véritable parc d’attraction avec ses machines agricoles et ses animaux. L’enfant d’alors ne s’est jamais senti aussi curieux et merveilleux. Avant de découvrir les montagnes. Sa mère l’a réveillé aux aurores pour aller marcher.  Il s’st dépêcher de s’habiller et de boire son bol de lait, tout impatient de découvrir cette nature inconnue. Son oncle est déjà dehors, en train de s’occuper du bétail. Il a l’air fatigué. Jake l’a entendu parler jusque tard dans la nuit avec sa mère. Il ne sait pas de quoi ils ont discuté. Des histoires de grandes personnes qui ne le concernent pas. Il s’en fiche. Il a hâte de partir, d’atteindre le sommet de la montagne. Il marche vite, galope dans les montées, même les plus raides, doit souvent attendre sa maman qui traîne derrière. Enfin ils arrivent sur la cime. La vue est splendide. Ils ont réussi. Jake savoure l’instant avec toute la fierté que peuvent avoir les enfants lorsqu’ils atteignent leur objectif. Pour lui, c’est une véritable victoire et le panorama, trois-cent soixante degrés de paysage époustouflant, est son trophée. Les yeux écarquillés il savoure son triomphe. Il ne peut s’empêcher de sourire. Pourtant il va bien falloir partir. Il commence déjà à avoir froid. Ils n’ont pas prévu de pull pour se réchauffer. Ils ont fini la bouteille d’eau qu’ils ont emportée. Plutôt que de redescendre par le sentier qu’ils ont emprunté à l’aller, sa mère l’emmène sur le chemin de crête. Ainsi il peut continuer à profiter de la vue. Ils avancent rapidement jusqu’à arriver à une croix. Alors, elle s’arrête. Fait face au symbole. Son expression jusque-là enthousiaste et rieuse devient morose. Elle se tourne vers lui et Jake réalise alors qu’elle est en train de pleurer.
— Mon chéri, a-t-elle dit. Je suis désolée.
Elle le prend par la main, le tire vers la croix qu’elle regarde à nouveau. Les larmes n’ont pas cessé de couler. Elles ruissèlent plus abondamment encore. Jake ne comprend pas. Il serre toujours sa main, la regarde, lui demande ce qui ne va pas. Elle hoquète, met du temps à répondre.
— Nous ne pouvons plus vivre ainsi, explique-t-elle enfin.
Jamais il n’a vu une telle détresse dans son regard. Il sent que quelque chose s’est brisé en elle, quelque chose qui ne peut pas être réparé. Il sent aussi qu’en cet instant quelque chose de grave est sur le point de se produire et qu’ensuite rien ne sera plus jamais pareil.
Elle s’approche de la croix. Sa main droite tient toujours la sienne. De l’autre, elle vient toucher le bois lisse du symbole chrétien.
Je suis désolée, dit-elle encore avant de dépasser le calvaire. Jake est forcé de la suivre, il ne comprend pas où elle veut aller. Après la croix il n’y a plus que quelque mètre de verdure avant le précipice… Elle continue d’avancer. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent du vide, l’enfant tente de ralentir. Il pose des questions, se met à crier lorsque sa mère refuse d’y répondre. Elle ne le regarde même pas. Ses yeux embués se contentent de fixer l’horizon.
Finalement, elle parle : 
— Il est temps, à présent.
Elle resserre sa prise, l’attire à elle. Jake refuse d’avancer. Il force de son poids pour lui résister. Alors elle se tourne vers lui et il ne reconnait pas son visage.
— Je dois le faire ! hurle-t-elle.
Il a peur soudain. Comme jamais il a eu peur. Quelque chose ne va pas avec elle et c’est très grave, il le sait. Elle le saisit à deux mains, tente de l’approcher au bord du ravin. Il continue à résister et elle, elle crie. Elle hurle à plein poumons.
— Nous devons partir, nous devons trouver notre salut !
Mais ça n’a pas de sens ! Car ce qu’elle veut, c’est qu’ils tombent dans ce gouffre. Jake est très jeune mais il sait bien que la chute sera mortelle. Mais alors pourquoi sa mère fait-elle cela, pourquoi veut-elle lui faire du mal ? Il s’est mis à crier, lui aussi, à pleurer même. Tous deux s’invectivent sans s’entendre, sans se comprendre tant leurs voix sont étouffées par leurs sanglots. Pourtant aucun ne veut céder.  Elle l’attrape enfin par les bras. Ils sont maintenant tout près de l’abime. Jake tremble, il sent que qu’elle va parvenir à le faire chuter. Elle est plus forte que lui. Alors il réagit. Il lui donne un coup de pied avec toute l’énergie qu’il lui reste. Elle recule, surprise. 
Il s’avance et la pousse.
Sa bouche est entrouverte alors qu’elle chute.


jeudi 8 décembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 22

Le bilan hebdomadaire !


Pas beaucoup avancé cette semaine, trop de RDV, trop de choses à faire... mais j'approche quand même de la fin... Mon objectif : finir le premier jet avant les fêtes de Noël.

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181 pages (environ) écrites - 93 573 mots
Chapitre 18 en cours


Extrait 21
CHAPITRE 18 : SCYLLA



Comme d'hab il s'agit d'un premier jet non relu, alors soyez indulgents...

Note : Jake est de nouveau de retour dans Scylla avec Williams et Gabriel. Ils sont sur une crête, devant une croix. Williams a choisi cette endroit puor confronter Jake à ses souvenirs.



Rien à faire. Williams refuse de céder et l’heure tourne. Bientôt il sera trop tard et Christina et Joy mourront.
— Je ne sais pas, murmure-t-il défait. Je ne m’en souviens pas.
Il y a un cercueil dans la nef. Un cercueil noir, laqué. Quelques rayons de soleil traversent les vitraux colorés de l’Église et viennent se réfléchir à sa surface. Le couvercle est relevé. Il la voit. Elle est toujours belle. On dirait qu’elle dort.
L’image mentale cesse. Jake fronce les yeux.
— De quoi est-ce que vous vous souvenez ? demande Williams d’une voix très douce.
— De son enterrement. Je crois qu’il y avait beaucoup de monde mais je n’y ai pas vraiment fait attention. Je ne regardais qu’elle.
Sa Némésis hoche la tête.
— Oui.
— Elle était habillée en blanc… C’est bien ça ?
Il ne sait pas pourquoi il lui pose la question. À sa connaissance, Williams n’avait pas assisté à l’office. Pourtant cela expliquerait comment il peut connaître tous ses détails sur elle.
— Une robe blanche avec des dentelles, confirme ce dernier.
Alors Jake a un flash. L’image du corps inerte s’impose de nouveau dans son esprit. Il voit la robe, une jolie robe blanche qu’elle aimait porter l’été lorsqu’ils recevaient. Sa mère avait toujours été très mondaine. Elle aimait les cocktails et les garden partys. Cette tenue-là était une de ses préférées.
Ses cheveux sont ramenés en arrière et retenus par un chignon. Aucune mèche ne s’en est échappée.
Elle qui aimait pourtant les sentir voler avec le vent. C’est ce qu’elle disait. C’est ce qu’elle a dit ce jour-là, sur la montagne.
Quand elle est allée avec lui sur la montagne.
Il y avait une brise soutenue. Un courant d’air qui avait soulevé sa chevelure blonde, libre de tout lien. Elle avait ri quand les mèches folles s’étaient plaquées contre son visage. Jake avait ri aussi, il s’était moqué, gentiment. Alors elle avait dit que ses cheveux volaient avec le vent et que ça faisait du bien.
Parce qu’ils étaient libres. Parce qu’il n’y avait plus d’entrave, sociale ou familiale. Ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient ici…
Il revient brusquement à la réalité. Williams et Gabriel le contemplent avec attention. Tous deux semblent guetter sa réaction. Il a dû rester silencieux bien trop longtemps.
— Jake ?
— Qu’est-ce que vous avez vu ? veut savoir Williams.
Il n’a plus aucune raison de mentir ou de cacher la vérité. Il n’y a pas que sa vie qui est en jeu.
— Nous étions… ici ?
Il regarde autour de lui. La crête, l’herbe jaunie, les pierres, le panorama splendide qui les entoure. La croix.
Il lui semble la reconnaître. Pourtant ça fait tellement longtemps.
Il est déjà revenu au sur le mont Diller depuis sa mort, grâce à son oncle, mais jamais il n’a poursuivi le chemin jusqu’à cette croix.
— Non, c’est impossible. Ma mère ne m’a jamais amené ici. Elle est toujours restée à New-York et nous passions toutes nos vacances et week-ends dans les Hampton.
— Si vous êtes venu, confirme pourtant Williams. Vous êtes venu une fois avec elle.
— Pour voir mon oncle ?
Williams opine.
— Je ne m’en souviens pas. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à m’en souvenir ?
— Parce que c’est ici qu’elle est morte.


jeudi 1 décembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 21

Le bilan hebdomadaire !

J'essaie de tenir le cap. Les derniers chapitres ne vont pas tarder à apparaître. Tant mieux parce que je fatigue, surtout quand je pense à la tonne de corrections qui m'attend...

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175 pages écrites - 90 534 mots
Chapitre 18 en cours


Extrait 21
CHAPITRE BONUS : MESSENE



— C’est ridicule !
Il se trouve dans la maison sur la plage. Christina est avec lui. La jeune femme fulmine. Elle porte seulement un débardeur rose pâle et un jean délavé qu’elle a enfilé à la va-vite. Ses bras font de grands gestes tant l’emportement la consume.
— Bien sûr que ça l’est. Si tu n’es pas contente, tu sais où se trouve la sortie, se contente-t-il de répondre d’un ton blasé.
Son attitude éveille un peu plus sa colère. Les joues rougies, elle s’approche de lui, le doigt — levé.
Non. Ça te ferait trop plaisir. C’est ce que tu voudrais, hein ? Comme ça, il n’y aurait plus de problème ! C’est ça le problème avec toi, Jake. Tu fuis au lieu d’affronter la réalité.
— Quelle réalité ? Tout ceci, ce week-end était une très mauvaise idée. Je l’avais déjà dit à l’époque et pourtant on a quand même essayé. Et, devine quoi ? Ça l’est !
— Le problème c’est toi et le fait que tu n’acceptes pas ma relation avec Gabriel.
— Bien sûr que non je ne l’accepte pas !
Elle soupire. Semble se calmer un peu. C’est peut-être son honnêteté, peu commune il faut l’avouer, qui en est la cause.
— Je ne peux pas rompre avec lui, murmure-t-elle, maintenant amère.
— Je sais.
— Je l’aime.
— Je sais.
Ces mots le font souffrir, tout autant qu’elle. Les lèvres pincées, elle relève vers lui un regard brillant de larmes à peine contenues.
— Tu sais que j’éprouve aussi quelque chose pour toi.
(…)
Elle s’approche encore un peu, les bras croisés contre sa poitrine. Comme elle a l’air vulnérable soudain !
— Alors qu’est-ce qu’on fait ?
— Rien. On ne fait absolument rien.
(…)
Il referme la bouche et sort, marche jusqu’à sa voiture dans un état de semi-transe, s’installe au volant, met le contact. Le vrombissement sonore ne parvient pas à l’apaiser. Il a besoin de plus. Il ne veut plus y penser. Il ne veut plus penser à rien.
Il écrase l’accélérateur, fait une marche arrière un peu périlleuse. À travers la vitre, il aperçoit la voiture de Gabriel qui revient. Son ami klaxonne mais Jake poursuit le demi-tour qu’il a entamé. Leurs regards se croisent. Gabriel a l’air surpris, il lui adresse un signe auquel il ne répond pas. Jake accélère, s’élance à travers la route qui part de la maison pour rejoindre ensuite le chemin qui conduit vers le sommet de la colline. La route est dangereusement sinueuse mais il ne lâche pas le pied, poursuit son ascension comme s’il était poursuivi par le diable lui-même. En fait c’est Gabriel qui le suit. Il peut voir le break rouge de son ami à travers le rétroviseur. Il ne comprend pas. Bien sûr qu’il ne comprend pas. Son attitude doit paraître complètement folle. D’ailleurs il se demande s’il n’est pas en train de péter les plombs.
Il accélère encore.
(…)
Il arrive maintenant au sommet. Le dernier virage est pratiquement en tête d’épingle. Il commence à appuyer sur le frein.
Il commence à appuyer sur le frein.
Son pied se relâche.
La voiture continue sa course à toute vitesse.
Elle fonce droit dans le vide.
Il y a un blanc, le temps de survoler les flots, puis vient le crash.

jeudi 24 novembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 20


Le bilan hebdomadaire !

Toujours sur ma lancée... j'essaie d'écrire en moyenne 4000 mots chaque semaine. C'est pas toujorus facile,s urtout que je me rend compte que j'ai lancé beaucoup d'énigmes dans ce roman et que je dois donner leur réponse en peu de chapitres :)
Bref j'aurai bien besoin de votre soutien et de chocolat pour poursuivre !


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166 pages écrites - 86 537 mots
Chapitre bonus (entre le 16 et le 17) en cours


Extrait 20
CHAPITRE 15 - CHARYBDE



1ère partie
Note : Jake est de nouveau à l'hôpotal et passe un scanner


Les techniciens l’aident à s’allonger sur la rampe avant de lui indiquer la position à prendre. Suivent les consignes habituelles que Jake va finir par connaître par cœur, avant qu’ils ne regagnent la pièce attenant. Le poste de contrôle en quelque sorte. Le banc sur lequel il repose s’avance de quelques centimètres. Maintenant sa tête se trouve bien au centre du cylindre. Il entend la machine s’enclencher. Toutes sortes de bruits, aigus, graves, métalliques ou non, s’élèvent les uns après les autres. Une symphonie médicale, véritable ode aux nouvelles technologies qui vont peut-être le sauver. Les sons variés cessent soudain pour être remplacé par un martèlement proche de celui d’un marteau-piqueur. Beaucoup moins agréable. Jake s’efforce de se concentrer sur la machine. Il n’est pas claustrophobe, il n’a même pas peur. De l’appareillage, du moins. Pour le reste…
(…)
Il sent une démangeaison à la jambe mais bien sûr il n’a pas le droit de bouger.
— Nous avons bientôt fini, entend-il alors une voix prononcer à travers les haut-parleurs de la salle.
Mais la sensation empire et il a maintenant la furieuse envie de se gratter. À la jambe. Il réalise soudain qu’il s’agit encore d’une sensation fantôme, comme celle qu’il a eu la nuit précédente, à son retour de Scylla. La sensation désagréable s’étend peu à peu, pour atteindre tout le membre inexistant avant de contaminer son jumeau. Jake n’en peut plus. Il a envie, non il a besoin de toucher ! Même s’il sait qu’il n’y a rien.
(…)
Le bruit cesse. La porte s’ouvre. Il entend les deux hommes discuter, de vive-voix cette fois. Le son se rapproche.
— Je dois sortir ! dit-il dans un souffle.
Il n’a pas réalisé qu’il avait retenu sa respiration durant ces dernières secondes de torture.
Le banc commence à reculer. Dès que sa tête se trouve en dehors de l’alcôve, il se redresse, les mains en avant. Elles viennent se poser à l’endroit où devraient se trouver ses jambes. Elles ne sont pas là, bien sûr, pourtant il peut les sentir. Les fourmillements commencent à s’estomper mais il sent maintenant la peau, les muscles… Il le sent avec ses mains.


2ème partie
Note : Le médecin vient ensuite le voir pour lui annoncer les résultats

Une fois encore cette énigme infernale brille par son illogisme.
— Bien. Monsieur Sullivan ?
Il relève la tête, surpris par l’arrivée de Simmon qu’il n’avait pas entendu.
La porte était restée ouverte. Le médecin se trouve encore dans l’embrasure mais rentre aussitôt dans sa chambre. Dans ses mains se trouvent les clichés de son scanner. Des tas de petites images blanches, teintées  de couleurs vives. Impossible de savoir si le jaune pétard ou le rouge rubis sont de bon augure ou pas. De là où il est, c’est à peine si Jake arrive à reconnaitre la forme d’un cerveau sur les photos, alors de là essayer d’interpréter les résultats…
— Il n’y a pas de saignement, ni d’anévrisme, assure d’emblée le docteur qui doit bien sentir la fébrilité du jeune homme.
Cela le rassure mais Jake se doute que ce n’est pas tout. Le praticien affiche une tête des mauvais jours ce qui, dans son métier, n’est jamais bon signe.
— Toutefois le scanner révèle que la tumeur a grossi.
Jake hausse un sourcil.
— Elle a grossi ? En une nuit ?
Même lui en tant que béotien complet dans le domaine médical peut déterminer que ce n’est pas normal. Même si la découverte surprise de cette masse le jour précédent laisse supposer qu’elle n’était pas encore présente au moment de son accident et que, du coup, elle connaissait une croissance pour le moins rapide, cette soudaine poussée paraît tout de même très étrange.
— Elle a beaucoup grossi ? ajoute-t-il.
— Oui.
Le médecin semble gêné. Autre mauvais signe, qui ne vient qu’amplifier la sensation de malaise qui l’accable peu à peu.
— C’est bien ça le problème, poursuit Simmon. Elle a énormément progressé en seulement quelques heures.
— Par « énormément » vous entendez quoi ? demande Jake d’un ton un peu bourru.
Le stress le gagne franchement. Il ne cherche même plus à prendre des pincettes. Les leçons de politesse et de diplomatie ne lui sont plus d’aucune utilité. Il a juste besoin de savoir ! Même si cela signifie se prendre une autre mauvaise nouvelle dans la tête. Il n’est pas prêt mais il doit savoir.
— Elle a doublé de volume.



jeudi 17 novembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 19

Le bilan hebdomadaire !
J'ai avancé comme une tortue cette semaine. La faute aux réunions et aux séances de rééduc. La semaine prochaine se sera pareil, avec en prime un rdv à l'hosto. Sinon côté taf, mon projet de reconversion est tombé à l'eau avant même d'avoir levé l'ancre. Mon agrément a été refusé, du coup je ne peux pas partir (dire que je venais de finir de monter mon dossier je suis dég.).


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157 pages écrites - 82 532 mots
Chapitre 15 en cours


Extrait 19
CHAPITRE 14 - SCYLLA



Note : Dans SCYLLA le petit groupe (Williams, Gabriel et jake) s'est arrêté sur la crète du mont Diller, devant une croix. Williams pousse Jake a parler de son passé et lui précise que sa mère n'est pas morte d'une méningite comme il l'affirme.


— Vous dites que c’est moi qui ait déposé ces cadeaux mais comment le savez-vous ? déclare-t-il, bien décidé à ne pas lâcher cette affaire.
— Je le sais, c’est tout. Vous devrez vous contenter de ça.
— Vous avez dit que ça avait un rapport avec mon passé. Comment le savez-vous ?
— Je sais tout de vous, monsieur Sullivan. Ces objets représentent votre enfance, ils constituent un lien direct avec votre mère.
— Arrêtez de parler d’elle ! hurle Jake, maintenant hors de lui.
— C’est pourtant le point d’orgue de cette histoire, monsieur Sullivan. Tout a commencé avec elle, avec sa mort pour être plus précis.
— Elle est morte d’une méningite ! répète Jake mais sa voix est tendue, blessée par les doutes qui commencent à l’assaillir.
— Vous savez bien que non. Vous vous l’êtes caché à vous-même, tant et si bien que vous avez fini par y croire. Vous êtes parvenu à altérer vos souvenirs alors. Cela a si bien fonctionné que vous avez d’ailleurs continué à le faire. Vous changez vos souvenirs quand cela vous chante, quand la réalité devient trop dure à supporter…
La gorge du jeune homme se noue douloureusement.
— Est-ce que c’est ce que je suis en train de faire ?
Il regarde autour de lui. Les montagnes majestueuses les entourent, les protègent, tout comme cette croix devant laquelle ils se tiennent. C’est un cadre parfait, bien trop idéal. Irréel.
Scylla n’est que chimère. Une utopie ou un cauchemar.
Le visage de Williams se fend alors d’une expression qu’il ne lui a encore jamais connue. On dirait presque de la compassion.
— En quelque sorte. Disons plutôt qu’il s’agit ici du résultat de toutes ces distorsions…
Jake se sent soudain étrangement calme. Oubliant Gabriel qui garde les yeux braqués sur lui, totalement perdu au milieu de ce dialogue qui n’a pour lui aucun sens, oubliant aussi Christina et Joy toujours enfermées dans le petit chalet et qui pourraient bientôt mourir, son esprit est désormais focalisé sur la seule personne de Williams. Il est prêt à savoir. Il veut entendre la vérité.
— Qu’est-il arrivé à ma mère ?
Il a du mal à faire sortir les mots tant sa gorge est contractée par l’anxiété. Il ne parvient même plus à respirer avant que son ennemi réponde.
—  Vous le savez très bien. Ce n’est pas à moi de vous le dire, de vous le rappeler.
(…)
C’est ainsi qu’elle est morte. Williams ne pourra pas lui faire croire le contraire.
Pourtant, il continue de chercher, de fouiller dans son esprit les quelques bribes de souvenirs qui y subsistent encore. Avant l’enterrement. Après ces moments de lecture.
Il se voit dehors avec elle. Il fait beau. Le soleil dore ses cheveux blonds qu’elle porte lâchés. Elle rit. Ils ne sont plus à New-York mais dans un champ. La surface herbeuse est ponctuée de quelques rochers épars. En se tournant il aperçoit une grosse marmotte courir rejoindre son terrier.
Ils sont à la montagne.
Sa mère est avec lui et ils sont à la montagne.
Les images cessent aussitôt. Face à lui, Williams n’a pas bougé d’un iota. Pas plus que Gabriel qui pourtant doit avoir des tonnes de questions à lui poser. Jake a aussi conscience que les vies de Christina et Joy se raccourcissent de plus en plus et qu’il perd du temps. Pourtant Williams veut qu’il passe par là, qu’il se souvienne. C’est sans doute le seul moyen pour qu’il les laisse partir.
— Écoutez, je n’ai pratiquement plus de souvenirs de cet période-là. Je me suis souvenu de son enterrement mais je ne me rappelle même pas du jour où on m’a appris sa mort.
— C’est normal je suppose, puisque vous y avez assisté.


jeudi 10 novembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 18

Le bilan hebdomadaire !


Bon bah j'approche de la fin mine de rien. J'ai encore un chapitre SCYLLA a rédiger, un ou deux CHARYBDE, deux chapitres bonus (courts), un ITHAQUE et ce sera bon. Déjà le dernier chapitre que j'ai rédigé commence à lié différents éléments, mais il y a encore beaucoup de questions en suspent.

Du coup je poste aujourd'hui un extrait version charcutage de chapitre avec un bout du début, un du milieu et un de la fin avec des coupures un peu partout. j'espère que ça restera compréhensible.
Avec un peu de chance je pourrais en poster un second ce week-end.

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Chapitre 15 en cours


Extrait 18
CHAPITRE 13 - CHARYBDE


— Sans doute… Où est Gabriel ?
Il regarde autour de lui, s’attendant à trouver l’ancien sportif dans le bureau. Là où il se trouvait au moment de son « départ » inopiné.
— Votre ami ? Mais je n’en sais rien, répond-elle un peu surprise par sa question.
— Il est déjà parti ?
Le visage de Kaoru se pare d’une expression indéchiffrable.
— J’ignorais qu’il était venu… dit-elle d’un ton maintenant inquiet.
— Comment ça ? Vous ne l’avez pas vu ?
— Non.
Cette fois, c’est Jake qui se sent déboussolé. Même si Gabriel possède les clés, il reste peu probable qu’il s’en soit servi. Son ami est bien trop poli pour s’autoriser une telle hérésie, surtout en sachant que le propriétaire des lieux était, de toute manière, présent. Mais si Kaoru ne lui avait pas ouvert, alors comment était-il entré ?
Jake a soudain l’irrépressible envie de se taper la tête contre le mur.
(…)
La femme de ménage fronce les sourcils, pose ses mains sur ses hanches dans une pose tout à fait sérieuse.
— Hum… ce n’est pas logique tout ça. Je n’ai entendu personne sonner à la porte, et je ne lui ai pas ouvert, ça j’en suis sûre !
— Oui, je vous crois. Gabriel a un double mais je ne l’imagine pas entrer sans s’annoncer. En plus il est parti sans me prévenir.
Il a disparu d’un coup pendant l’un de ses « voyages », ce qui n’a peut-être rien d’une coïncidence. L’esprit de Jake s’embrume un peu plus. Il lui semble de plus en plus difficile de se concentrer ces derniers temps. Toutes ces informations ineptes et contradictoires viennent se bousculer sans cesse sa tête, l’empêchant de réfléchir correctement. À moins qu’il n’y parvienne pas pour la simple et bonne raison que l’explication à tout ceci n’ait rien de sensé.
Voilà qui le ramène à nouveau à l’une de ses théories fantasmagoriques. Peu importe laquelle.
Jake refuse toujours de les abandonner, même en sachant que tous ces phénomènes étranges ne doivent leur origine qu’à cette horrible tumeur.
— En tout cas, je vous confirme que je ne l’ai pas vu, ajoute Kaoru. Vous êtes sûr que vous allez bien ?
— Oui, pourquoi est-ce que vous n’arrêtez pas de me demander ça ?
Son ton est dur, plus qu’il l’a voulu. Plus que nécessaire. Et certainement plus que sa fidèle employée ne le mérite. Toutefois, le sentiment de colère qui l’anime depuis le début de cette histoire de visions, prend encore le dessus. Jake déteste perdre le contrôle et, les rares fois où ça peut lui arriver, il tâche toujours de trouver un responsable sur lequel rejeter sa propre frustration. C’est puéril mais il est bien loin d’être parfait.
(…)
— Je vous dis cela, monsieur, parce que vous venez de sortir de l’hôpital, que vous êtes encore en convalescence, que je vous trouve une mauvaise mine et parce que vous me parlez de votre ami qui n’est pas là et qui ne l’a peut-être jamais été.
(...)
Que doit-il croire ?
En qui peut-il accorder sa confiance ?
Est-il même encore en mesure de réfléchir, d’accorder la moindre foi en ce qu’il voit, ce qu’il entend.
Est-il d’ailleurs dans un monde réel, ou ce bureau a-t-il, lui aussi, été créé de toutes pièces ?
Sa tête tourne. Encore. Il sent la nausée revenir à la charge, prête à gagner une nouvelle fois la bataille. Un premier haut-le-cœur lui sert d’avertissement avant que son estomac ne se contracte bien plus violemment. Un jet de bile remonte jusque dans sa bouche avant d’être expulsé sur ses genoux. Il a à peine le temps de ressentir une sensation de dégoût causée par le liquide jaune et nauséabond qu’une nouvelle salve l’assaille. Il crache encore, cette fois en visant le sol. Non pas que ça change grand-chose à l’état de son pantalon, déjà bon pour un lavage à soixante degrés, mais il ne supporte pas cette sensation de chaleur putride sur ce qu’il lui reste de jambes.
(…)
Il voit d’abord des points. D’infimes point disséminés un peu partout, par milliers. Puis des ronds. Des ronds légers qui semblent voler. Comme des ballons de baudruche. Ou des bulles.
Puis vient le néant.

jeudi 27 octobre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 17


Le bilan hebdomadaire !

A nouveau dans Charybde. Je suis harcelée par le boulot en ce moment entre réunion à tout-va et reconversion professionnelle, du coup je n'ai vraiment plus beaucoup de temps pour écrire. Mais bon, je résiste !

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139 et quelques pages écrites - 73 707 mots
Chapitre 13 en cours


Extrait 17
CHAPITRE 12 - SCYLLA


Il est de retour.
Les murs boisés de la cabane de ranger l’encadrent de toute part, aussi menaçants que s’ils étaient sur le point de refermer sur lui. Jake comprend maintenant ce que peut ressentir un claustrophobe. Il ne faut qu’un instant, même pas une seconde entière, pour que son souffle ne se bloque dans sa gorge, que son pouls s’accélère.
Il est de retour.
Même la porte est en bois. Ce carcan lui fait penser aux pans d’un cercueil. Le sien, en l’occurrence. Il espère seulement ce que ce sentiment restera dans le domaine de l’imaginaire.
Et que ce monde n’est pas réel.
— Vous avez tout à fait raison, monsieur Sullivan.
Williams qui se tient face à lui, comme lorsqu’il a pu échapper la dernière fois à ce cauchemar trop réel, soulève un peu plus le terrible objet. Des fils aux couleurs variées l’entourent de part et d’autre pour venir se ficher sur le petit cadran central. Le minuteur, à ne pas en douter.
— Du C-4 pour être plus précis. Un explosif de type plastic, principalement connu à cause de son utilisation par l’armée mais aussi parce qu’on le voit souvent dans ces films d’action dont les jeunes raffolent…
— Merci mais si je veux des renseignements je peux me connecter à la page Wikipédia, rétorque Jake.
— De l’humour ? Dans cette situation ?
Williams sourit, à nouveau amusé par la réaction de son adversaire.
— Décidément, vous êtes incapable de tenir votre langue, même lorsque vous avez un genou à terre. Non, en fait c’est plutôt votre orgueil que vous êtes incapable de maîtriser.
Il s’approche. Dangereusement. En un instant, il se tient si prêt du jeune homme que ses lèvres effleurent presque son oreille lorsqu’il se met à chuchoter :
— Avouez que ça vous démange, hein ? Vous ne supportez pas d’être ainsi tenu en joue, en particulier par quelqu’un comme moi. Un simple quidam, seul de surcroit. Un homme banal, que vous n’auriez jamais remarqué… qu’en fait vous n’avez même pas remarqué. Avant que…
Il s’éloigne de quelques centimètres mais reste néanmoins trop prête pour que le jeune puisse apprécier ce soupçon de liberté.
— Avant que je ne vous fasse comprendre que vous n’êtes ni plus ni moins qu’un homme vous aussi. Mortel, fragile, et aussi impressionnable qu’un enfant. Peut-être même plus, car la maturité vous permet de comprendre la gravité de tout ceci.
À présent il regarde Jake droit dans les yeux.
— Quand on est jeune on n’y réfléchit pas vraiment, n’est-ce pas ? On ne se dit jamais « oh tiens, je devrais faire attention, car c’est dangereux. Je pourrais mourir. » Non. Ce concept n’existe pas pour nous à ce moment-là. On s’imagine éternel. On pense que tout le monde l’est, même nos parents. Regrettez-vous ce temps, monsieur Sullivan ?
— Assez…
Il crache ces mots entre ses dents tant les paroles de Williams lui font mal. Il n’a plus de doutes à présent, le randonneur connaît son passé. C’est forcément lui qui a déposé ce vase dans son bureau, ce livre dans sa chambre.
— Vous n’aimez pas parler du passé ?
C’est une question rhétorique, alors Jake ne prend pas la peine de répondre. Il n’en a pas vraiment la force, de toute manière. Il supporte toujours le regard inflexible de son ennemi. Des yeux durs, accablants. En colère.
— Bien sûr que non. Je sais que vous avez perdu votre mère. Les souvenirs de celle qui vous a mis au monde et élevé, du moins pendant quelques années, sont sans doute trop douloureux, malgré toutes ces années.
— Ça suffit maintenant !
Ce n’est pas lui qui a crié ces mots mais Gabriel. Son ami s’est approché d’eux et défie à présent Williams. Loin de se laisser décontenancer, ce dernier affiche même une mine amusée. Voire un peu admirative.
— Monsieur Lightman, vous avez décidé de vous joindre à la conversation semble-t-il.




jeudi 20 octobre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 16



Le bilan hebdomadaire !
Je suis de nouveau en plein Scylla. le roman avance et peu à peu j'approche des chapitres finaux. il faut du coup que je fasse du trie dans toutes mes idées et que je commence à assembler le tout en quelque chose d'homogène et cohérent. Autant dire que ce n'est pas gagné...


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133 pages écrites - 70 579 mots
Chapitre 12 en cours


Extrait 16
CHAPITRE BONUS (2) - LA PLAGE


Malmenée par le vent accru, une nouvelle vague vient s’écraser sur la plage, un peu plus loin que la précédente. Le ciel s’est voilé dorénavant. Le beau soleil qui illuminait un peu plus tôt le paysage idyllique est maintenant masqué par une flopée de nuages denses. Leur masse sombre s’expose dans le ciel assombri comme une menace prête à éclater. Les dunes sablonneuses sont à présent désertes. Les vacanciers ont préféré quitter le rivage avant que le temps ne tourne à l’orage. Seules trois silhouettes ornent encore son étendue ocrée. L’air s’est rafraichit. Il tournoie au-dessus de l’onde marine, regagne la côte, heurte l’unique parasol. Le tissu rouge résiste à cet assaut subit bien que la tige se mette à tanguer dangereusement. Il se met à pencher, prêt à s’effondrer mais le courant évolue, change sa route. Il s’enfuit, pour quelques instants…
Je vous avais bien dit que ces bourrasques étaient imprévisibles, se félicite l’aînée.
Tu veux toujours avoir raison de toute façon, rétorque la benjamine.
Arrêtez toutes les deux. Tâchons de profiter de ces derniers instants. Nous ne savons pas quand l’orage frappera. Ni même s’il le fera.
(…)
Nous devrions peut-être commencer à ranger, admet-elle.
Nous n’aurions même pas du déballer nos affaires, ajoute l’aînée dont l’humeur est maussade depuis l’aurore. Je savais que ce n’était pas un bon jour. Le temps.
Elle se redresse avec précaution à cause de son âge, avant de se mettre debout. Aussitôt une nouvelle rafale vient fouetter l’ample robe marine qui la recouvre.
Le temps est un élément essentiel. Il faut savoir le choisir avec soin. Aussi bien l’instant, celui du déclenchement, que sa durée.
Pfff…
La petite fille hausse les épaules. Elle a récupéré les commandes du cerf-volant. L’objet flotte toujours haut dans les airs, résistant encore à ses assauts. La corde reste bien tendue. Ce seul point d’attache entre le sol et une inéluctable perdition se trouve entre ses mains. 
(…)
Nous devons partir. Range-le ou laisse partir mais je ne veux pas rester ici. Il va finir par pleuvoir.
Encore un peu, tu vois bien qu’il peut tenir le coup !
Mais quelle enfant ! S’exclame la vieillarde. Elle n’écoute jamais rien, n’en fait qu’à sa tête.
(…)
Elle n’a pas encore reposé le cerf-volant. Le jouet virevolte toujours plusieurs mètres au-dessus d’elle, dans des mouvements saccadés et imprévisibles. Une nouvelle bourrasque le propulse d’un coup vers les terres. Surprise par l’assaut, elle lâche le moulinet avec un cri d’effroi.
Non !
Le précieux trésor s’envole au loin, aussitôt suivi par la petite. Elle courre de toutes ses forces, tentant de rattraper l’objet qui poursuit son voyage aux grés des courants aériens.
Reviens, il est trop tard !
Les deux autres femmes l’interpellent depuis le bord de la plage mais elle ne les écoute pas. Elle tente désespérément de rejoindre le jouet multicolore toujours emporté par le vent. La pluie continue de tomber. Ce ne sont plus quelques gouttes à présent, mais une véritable douche qui s’abat sur elle. Elle n’y prête pas attention. L’important est de récupérer son cerf-volant. À travers l’opacité de la tempête, elle peine à distinguer les couleurs autrefois chatoyantes des petits drapeaux. Mais elle persévère, refusant d’accepter l’échec. Sa jolie robe est maintenant trempée, tout comme son chapeau. Les fleurs qui l’ornaient n’ont plus rien d’attrayant. À présent elles ressemblent à réseau de lambeaux dégoulinants qui continue de se décomposer sous l’effet de la pluie. La benjamine du trio remonte toute la plage pour ensuite rejoindre le petit sentier qui conduit au village. Le cerf-volant est bien loin, à présent et elle n’aurait pas eu la moindre chance de le retrouver si sa course folle n’avait été stoppée par un arbre providentiel. C’est là qu’elle le découvre enfin. Perché tout en haut du végétal, entremêlé entre ses branches feuillues. Il semble abimé mais il n’est pas détruit.
C’est qu’il est solide son cerf-volant !

jeudi 13 octobre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 15

Le bilan hebdomadaire !
C'est le moment de faire les comptes : j'ai pas beaucoup avancé ("ça ne change pas", me direz-vous) mais je suis sur le point de finir le chapitre 11. Jake est toujours à fond dans ses vidéos mais cette fois, aidé de Gabriel à qui il a (presque) tout dit.


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Chapitre 11 en cours


Extrait 15
CHAPITRE 11 - CHARYBDE


Note : Encore du Charybde. C'est plus sympa et surtout ça vous permet de suivre l'enquête menée par Jake. Il vient de montrer la vidéo de l'individu mystère à Gabriel et tous deux réfléchissent à son identité.

— Alors ces visions seraient une manifestation de ton inconscient qui chercherait à te faire passer un message. Tu as peut-être blessé quelqu’un dans le passé et maintenant, avec ce qu’il t’arrive, ton esprit cherche peut-être une sorte de rédemption. D’où la création de ce personnage.
— Ça semble logique, admet Jake.
Cette explication ne lui plait pas, pourtant. Elle est peut-être trop proche de la vérité, surtout en ce qui concerne ses agissements passés, parfois peu recommandables.
— Ce qui signifie que ce Williams tel que tu te l’es représenté dans cette vision n’a sans doute rien à voir avec celui ou ceux qui te l’ont inspiré.
— Dans ce cas pourquoi cet homme sur la bande vidéo lui correspond physiquement ?
— On ne voit pas son visage. Même sa carrure est en partie camouflée par les vêtements qu’il porte. Franchement, ça pourrait être n’importe qui. Et pourquoi interviendrait-il maintenant ? Ce serait une sacrée coïncidence !  Tu as une vision d’un homme issu de ton passé et, comme par hasard, il vient te menacer dans la vie réelle ? Non, je n’y crois pas.
— Les cadeaux ont commencé avant les visions.
— C’est vrai, agrée Gabriel.
— Peut-être que j’ai tilté en voyant le vase. Comme tu le dis si bien, mon esprit a alors essayé de m’envoyer un message. Avec ces visions…
Il a encore du mal à employer ce terme qui sonne faux à ses oreilles. Malgré cette brillante théorie qu’ils sont tous deux en train d’élaborer, Jake ne croit qu’à moitié qu’il ait été victime d’une hallucination. Ça semblait trop réel.
— C’est possible mais ne te lance pas sur cette piste sans étudier d’autres hypothèses.
— Tu préfèrerais que je ne me lance sur aucune piste, en fait.
— Oui, mais je sais que tu n’en feras rien.
Jake esquisse un sourire microscopique.
— Il est gaucher.
— Qui ?
— L’homme de la vidéo. Il est gaucher, tout comme Williams. C’est un indice important. La plupart des personnes sont droitières.
— Tu es gaucher. Ton père est gaucher. Des tas de gens le sont, ça ne prouve rien.
Son père. Voilà qu’on lui renvoyait son souvenir en pleine figure. Jake n’a toujours pas digéré la félonie de son géniteur et il n’est pas prêt de le faire. Walter a décidé de se mesurer à son propre fils, eh bien ce dernier est prêt à relever le défi.
— Et ça n’explique pas non plus comment il pouvait connaître mon goût pour les antiquités grecques et savoir que ma mère me lisait l’Odyssée quand j’étais enfant, ajoute-t-il.
— Non, en effet.
Jake vient poser doucement ses doigts sur la couverture du livre. Un geste tendre, en hommage à cette femme qui lui manque tant.
— Ulysse a vécu des épreuves terribles, murmure-t-il.
Gabriel ne répond pas mais s’approche de lui. Il a toujours l’air inquiet. Pour lui, pour sa santé tant physique que mentale. Jake lui-même ne sait plus s’il peut se fier à son instinct, s’il peut encore se faire confiance.
— Pendant vingt ans, poursuit-il néanmoins, il a lutté pour regagner sa patrie. Il a affronté des créatures magiques, vicieuses mais n’a jamais renoncé. À un moment, il doit choisir entre passer par un gouffre marin et risquer ainsi de perdre ainsi son bateau ainsi que son équipage ou affronter un monstre. Scylla. C’est de là que vient l’expression : tomber de Charybde en Scylla. Charybde faisant référence à cet écueil. Ça signifie passer d’une situation catastrophique à une situation pire encore.
— C’est une expression assez pessimiste.
— Elle traduit bien ce que je suis en train de vivre. Ces visions, ce sont mon Scylla. Au début je pensais que ce monde, inventé ou non, peut-importe, était préférable mais en fait il est pire. Quant à la réalité…
Il baisse les yeux sur ses cuisses mutilées.
— On ne peut pas dire qu’elle soit enviable.
— Qu’est-il arrivé à Ulysse ?
— Il a choisi Scylla et perdu six marins. Rien ne dit ce qu’il se serait passé s’il avait accepté l’autre option.
— Je suis sûr qu’il a eu raison. Après tout l’histoire se finit bien. Il rentre chez lui.
— Oui.
Mais Jake est déjà chez lui et l’histoire n’est pas encore finie.

jeudi 6 octobre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 14

Le bilan hebdomadaire !


Je ne pensais pas avoir le temps de poster un nouvel extrait cette semaine mais si ! Pourtant ces derniers jours étaient difficiles, du boulot par-dessus la tête et quand je rentrais à la maison je n'avais pas le courage de poster quoi que ce soit. J'espère que la semaine prochaine sera plus clémente, mais j'en doute car j'ai déjà un bon paquet de réunions de prévues.
Chapitre 10 commencé et presque terminé (voire même terminé, je ne sais pas encore). Je vais bientôt revenir à Charybde ^^


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116 et quelques pages écrites - 62 553 mots
Chapitre 10 en cours (fini ?)


Extrait 14
CHAPITRE 9 - CHARYBDE


Note : Je vous propose un second extrait de ce chapitre, décidément très dense, car je pense qu'il est plus utile à la bonne compréhension de l'intrigue que le chapitre 10 (SCYLLA) qui est plus centré sur la discussion. Ici Jake se remet à peine de la découverte de la trahison de son père mais continue tout de même d'enquêter sur "l'individu mystère" qui a placé ce livre dans sa bibliothèque. Il pensait avoir fait chou blanc en le le voyant pas sur les bandes vidéos avant son retour de l'hopital (il n'a pas bougé depuis), mais fait une dernière tentative...


Les premières minutes restent désespérément immuables jusqu’à ce qu’il se voit entrer. Il est bien passé par sa chambre pour gagner la salle de bain attenante. Le Jake de la vidéo a l’air préoccupé, sans doute à cause de la conversation qu’il vient d’avoir avec son père. Les minutes continuent de défiler. Il lui a fallu du temps pour se laver, à cause de la fatigue mais aussi de la lassitude qu’il ressentait. Qu’il ressent toujours. Le cœur battant, il regarde le time code s’incrémenter. Il ne reste plus beaucoup de temps. Bientôt le Jake de la vidéo va revenir et il ne saura pas qui a déposé le livre ! Cela maintenant plusieurs minutes qu’il est dans la salle de bain. Le jeune homme sent l’espoir le quitter peu à peu quand une ombre se dévoile enfin.
Il bondit presque sur l’écran. Son visage en est si proche que ses yeux commencent à piquer. La résolution de l’image n’est pas optimale, loin s’en faut. Il espère néanmoins pouvoir identifier l’individu ou, du moins, voir son visage.
La silhouette entre tranquillement. Elle ne semble pas craindre le retour, pourtant imminent, du maître des lieux. D’un pas ferme, elle vient se positionner devant la bibliothèque. C’est donc bien cette personne qui est venu placer cet ouvrage au sein même de son propre appartement. Jake exulte. Il est à deux doigts de découvrir l’identité de l’individu mystère. Il appuie sur la touche « pause », s’approche encore un peu plus. L’intrus a gardé le dos à la caméra depuis son entrée mais le jeune homme peut néanmoins deviner qu’il s’agit de quelqu’un de taille moyenne et de corpulence normale. Cependant, les vêtements amples qu’il porte peuvent s’avérer trompeurs. L’homme, si toutefois ça en bien un, portait un pantalon treillis sombre ainsi qu’un épais sweat-shirt dont la capuche était rabattue sur sa tête. Pour qu’il cherche ainsi à camoufler son apparence, il doit forcément s’agir de l’individu que Jake est en train de pister. Ce dernier s’avère donc prudent mais il doit ignorer la présence de caméras. Du moins, Jake l’espère.
(…)
Il rappuie sur la touche « play ». Son visage est encore trop proche de l’écran mais il a quand même pris un peu de recul, cherche à englober l’image dans sa totalité. Le moindre détail peut s’avérer capital. L’intrus s’accroupi au centre de la bibliothèque, à l’endroit exact où Jake a trouvé l’Odyssée. Il sort un objet de sa poche, le livre. De sa main gauche il décale les ouvrages déjà installés sur l’étagère, puis vient le déposer à sa place.
Il est gaucher.
Ce qui représente un bon point car ça réduit forcément les suspects potentiels. La majorité de la population est droitière, donc même s’il ne connaît pas personnellement son rival, il aura au moins un moyen de l’identifier le moment venu. Et ce moment aura bien lieu, Jake se l’est promis. 
Sur son ordinateur, l’intrus vient de se relever. Il a plutôt intérêt car même si Jake se lave avec la rapidité d’une tortue sous Propofol, il ne devrait quand même pas tarder à réapparaître.  Le jeune homme regarde l’heure indiquée sur l’image. Il n’a pas la moindre idée de celle à laquelle il a quitté la salle de bain mais ça semble coïncider. Son rival doit le sentir, car il se dirige vers la sortie d’un pas vif, le dos toujours tourné vers la caméra.
Tourne-toi, le harangue mentalement Jake. En vain. L’autre sort sans demander son reste.
Merde !
Voilà que l’inconnu va partir de chez lui, ni vu ni connu, son méfait accompli. À l’écran, Jake vient d’entrer à son tour dans la pièce. Quelques secondes. Il l’a raté de quelques secondes !
S’il avait moins lutté pour enlever son pantalon, s’il n’avait pas fait tomber cette satanée bouteille de savon dans la baignoire, s’il avait mis un tee-shirt plutôt qu’une chemise, alors il l’aurait pincé ! Ça ne s’était joué à rien !

jeudi 29 septembre 2016

de Charybde en Scylla : Extrait 13

Bilan Hebdomadaire


Ca y est je peux de nouveau taper à deux mains ! J'avance plus vite, surtout que là je suis en plein Charybde (et ça va toujours vite dans Charybde). Je devrais retourner dans Scylla d'ici peu pour un chapitre sans doute assez court.


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108 et quelques pages écrites - 57 780 mots
Chapitre 9 en cours


Extrait 13
Chapitre 9 - CHARYBDE 


Note : Jake a décidé d'enquêter sur l'individu mystère qui lui offre ces objets étranges (l'histoire du livre est la gouette d'eau). Du coup, il regarde les vidéos des caméras installées chez lui, et en particulier celle de sa chambre (là où il a trouvé "l'Odyssée"). Après avoir analysé le problème et la façon dont a procédé son "donateur", il est persuadé qu'il s'agit en fait de son père.

Comme d'hab il s'agit d'un premier jet non relu alors soyez indulgents...




Sans attendre plus longtemps, il charge le fichier correspondant à la bonne tranche horaire puis fait défiler le time code jusqu’à l’heure de l’arrivée de Sullivan senior à l’appartement. La chambre est déserte. Rien ne semble anormal. Les minutes passent, Jake anticipe de plus en plus l’entrée de son père. La lumière s’allume soudain. Ses doigts se resserrent sur la souris, un léger sourire tend ses lèvres. Mais il s’agit de Kaoru. La femme de ménage pénètre, les bras chargés.

(…)

Elle ressort quelques instants plus tard, laissant Jake plus impatient que jamais. Il n’a pas à attendre longtemps. À peine dix minutes après son départ, la porte s’ouvre à nouveau, faisant apparaître la silhouette tout à fait reconnaissable de son père. Bingo !
L’homme a pourtant les mains vides mais Jake suppose que le livre se trouve dans la poche de son manteau. Il s’avance jusqu’au centre de la pièce, regarde autour de lui avant de s’approcher de la bibliothèque. Il contemple les différents ouvrages, frôle du bout des doigts les reliures de certains d’entre eux avant de faire un pas en arrière. Alors ? Qu’attendait-il ? Jake a presqu’envie de lui crier de passer à l’action, pourtant Walter ne fait rien. Savait-il pour les caméras ? Jake ne lui en a jamais parlé mais il doit certainement s’en douter. Le côté un peu paranoïaque du jeune homme n’a rien d’un secret, surtout qu’il a été menacé à plusieurs reprises par quelques spécimens peu recommandables. Cependant, s’il se sait filmé pourquoi placer ce livre dans un endroit aussi exposé ? Est-ce volontaire ? Pour tester son fils ? Sauf qu’il n’en encore rien fait et Jake sent l’impatience l’écarteler. Ça devient même une véritable torture.
Walter recule encore, puis se tourne à quatre-vingt-dix degrés vers le mur qui fait face au lit. Que cherche-t-il ? Le cœur de Jake s’accélère un peu quand il comprend soudain les intentions de son géniteur. Ce dernier s’avance vers la paroi jusqu’à venir toucher le tableau – un original – qui s’y trouve. Il le soulève, le pose au sol puis contemple avec satisfaction le bien que l’objet dissimule. Son coffre-fort. Du moins l’un d’entre eux.
Mais très certainement celui dont Jake avait le moins envie que son géniteur ne découvre. Encore faut-il qu’il connaisse la combinaison que Jake n’a dévoilée à personne. Cela ne semble pourtant pas décourager Walter qui commence à tourner le gros bouton sans la moindre hésitation. Que fait-il ? Il ne peut pas connaître le code ! Pourtant la porte s’ouvre, comme preuve indéniable que c’est pourtant le cas. Inconsciemment, le jeune homme met la vidéo en pause. Le coffre ouvert s’affiche bien devant ses yeux, il n’y a aucun doute.
Comment ?
Walter plonge une main à l’intérieur pour en ressortir plusieurs dossiers. Il les dépose sur le lit avant de s’asseoir. Ses actions tout comme leurs répercussions éventuelles ne semblent pas le perturber le moins du monde. Du grand Walter Sullivan : tout moyen est bon parvenir à ses fins. Il passe en revue les documents assez rapidement, survolant les pages, jusqu’à trouver celles qui l’intéresse. Jake n’a pas besoin de d’agrandir l’image pour savoir desquelles il s’agit. Il connaît ces dossiers par cœur et sait exactement ce qui intéresse son père parmi eux. Il dégluti avec difficulté. Sa gorge s’est nouée à cause de l’appréhension. Que compte-t-il faire de ces informations ? Le piéger ? L’empêcher d’agir ? Walter se relève, laisse deux chemises sur le lit avant de ranger les autres dans le coffre qu’il referme avant de replacer le tableau. Ni vu ni connu. Même Jake n’a pas remarqué le vol et il lui aurait fallu sans doute un certain temps avant de le constater le délit s’il n’avait pas visionné ces vidéos. Le destin lui a donné un coup de pouce cette fois.
À l’écran, le voleur quitte la pièce, son forfait maintenant effectué. Jake soupire. Son attention n’est désormais plus focalisée sur le livre mais sur la découverte que vient de faire son père.

jeudi 22 septembre 2016

De Charybde en Scylla : Extrait 12

Bilan Hebdomadaire

Le bilan hebdomadaire (très en retard, c'est vrai...)
Mon bras va mieux : plus d'attelle, je peux utiliser mon avant-bras mais il y a encore beaucoup de mouvements que je ne peux pas encore faire. Je ne tape toujours que d'une main (sinon ça me tire au bout de cinq minutes) du coup j'éparpille des fautes de frappe un peu partout, en particulier dans mon roman... Pas grave, les relectures sont faites pour ça.




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Chapitre 7 en cours


Extrait 12
Chapitre 7 - CHARYBDE


Note : 
De retour chez lui après avoir passé la nuit à l'hôpital, Jake découvre un livre qui ne lui appartient pas dans sa propre bibliothèque. Non seulement l'ouvrage est ancien et bien entretenu (le genre qui coûte un peu d'argent) mais il s'agit d'un exemplaire de L'Odyssée d'Homère, un livre que lui lisait souvent sa mère quand il était petit (elle était férue de mythologie).

Il saisit à nouveau l’ouvrage, puis s’approche de la fenêtre. La lumière directe risque de l’abimer mais il veut pouvoir l’étudier dans les meilleures conditions possibles. Les lettres dorées brillent au contact des rayons solaires, comme pour le narguer un peu plus.
L’Odyssée.
Il se souvient encore de ces soirées où sa mère lui contait les histoires extraordinaires d’Ulysse, roi d’Ithaque, lors de son retour de la guerre de Troie. Elle venait s’asseoir au bord de son lit, tandis qu’il se levait dans le creux de son épaule. Le beau livre qu’elle possédait depuis sa propre enfance les attendait, posé sur ses cuisses. La seule lumière qui les éclairait était celle de sa lampe de chevet. Son faible halo les couvrait d’une aura dorée, secrète qui n’appartenait qu’à eux, le temps de ce moment privilégié. À présent, malgré un décor tout à fait différent, il a encore l’impression d’entendre sa voix feutrée qu’elle utilisait à chaque fois qu’elle lui faisait la lecture.
Alors où en étions-nous ?
Elle ouvrait le livre à l’endroit du marque-page, puis lui souriait avant de commencer.
— Alors où en étions-nous ?
Jake relève la tête. Elle se tient là, juste devant lui. Ses longs cheveux blonds retombent sur ses épaules, recouvrent en partie sa poitrine. Elle ne porte qu’une simple robe de coton blanc que Jake ne connaît pas. Aucun bijou ne vient souligner sa beauté affable. Elle n’en a pas besoin.
— Maman ?
Il frémit, par crainte que ce mot prononcé à voix haute ne la fasse disparaître. Il n’en est rien. Elle s’approche de lui, sa silhouette auréolée de lumière rayonne comme celle d’un ange.  Dès qu’elle atteint son fauteuil, elle s’agenouille à ses côtés.
— Tu es prêt à reprendre la lecture ?
Sa main vient toucher le livre, toujours posé sur les cuisses du jeune homme. Il n’a pas détourné le regard, même lorsqu’elle a amorcé ce geste. La présence inexplicable de celle qui lui donné la vie est un cadeau bien trop précieux pour qu’il accepte d’en perdre le moindre instant.
— L’Odyssée… Oui, très bon choix. J’aime beaucoup cette histoire.
C’est bien sa voix. Il la reconnaîtrait entre mille, même après toutes ces années. Elle parle avec ce ton qu’elle n’utilise qu’avec lui, lorsqu’ils sont tous les deux, bien loin des problèmes de la vie, des problèmes de travail, des problèmes familiaux. Ou de la maladie. Jake sait bien qu’elle ne peut pas être là. C’est impossible. Son décès remonte à sa petite enfance. D’ailleurs elle n’a pas changé. Elle est restée aussi belle et affectueuse que dans sa mémoire.
Ce n’est qu’un souvenir, ravivé par la maladie. Par la tumeur.
Et puis ? Qui pourrait lui reprocher de vouloir en profiter ?
Il a la chance unique de la retrouver, enfin.
Alors il continue de la regarder, même lorsqu’il sent ses mains ouvrir le livre, puis tourner les premières pages.
— Que dirais-tu que nous recommencions depuis le début ?
Ses lèvres s’entrouvrent en un sourire parfait, auquel il se sent répondre.
— Oui, le début me paraît bien. Il faut reprendre à zéro…


dimanche 4 septembre 2016

De Charybde en Scylla : Extrait 11


 Bilan hebdomadaire

Bon j'ai réussi à reprendre un (petit) rythme d'écriture. Moins important que ce que je faisais avant mais c'est toujours ça (écrire à une main n'est pas ce qu'on fait de mieux ^^). Mon bras va mieux néanmoins, et d'ici une bonne semaine je n'aurai plus d'attelle. Ce sera plus facile alors...
Le fait que je sois entrain de travailler un chapitre CHARYBDE m'aide beaucoup. Le problème c'est que je vais bientôt repasser à SCYLLA..


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82 et quelques pages écrites - 44242 mots
Chapitre 7 en cours


Extrait 11
Chapitre 7 - CHARYBDE

Note : A la fin du chapitre précédent (Scylla), Jake se bat contre Williams (du moins, il essaie et échoue lamentablement) et se blesse au genou en tombant sur son téléphone portable cassé


La douleur lui transperce le genou, irradie même son mollet. Il se redresse,  comme propulsé par l’élancement soudain.
Par réflexe, ses mains se précipitent sur son origine pour ne toucher que les draps froissés, humides de sueur. Il a beau tâtonner, il ne sent que le matelas inconfortable sur lequel il est étendu. Ses jambes qui le portaient encore il y a quelques instants n’existent plus.
Pourtant, il a encore mal.
Son genou continue de le faire souffrir exactement comme il le ferait si ce morceau de métal s’y trouvait toujours.
Sauf que c’est impossible. Il n’y a pas de débris, pas plus qu’il n’y a de jambes.
Devant lui, l’écran de télévision diffuse toujours un programme sportif, cette fois du baseball. La chambre d’hôpital est plongée dans la pénombre. L’unique source de lumière provient des lampadaires qui éclairent la rue en contrebas et d’un voyant lumineux situé au-dessus de son lit.
Il repousse les draps. Ses yeux commencent à s’habituer à l’obscurité, lui permettant de voir que ses moignons ne présentent aucune blessure. Il porte un pyjama d’hôpital bleu clair, dont il a retroussé les jambes. Il effleure les cicatrices encore récentes du bout des doigts. La douleur s’intensifie un peu plus mais elle ne provient pas de ce traumatisme ancien. Elle émane bien de son genou disparu.
Comme si le souvenir de cet autre univers persistait encore malgré son retour à la réalité.
Et il ne peut rien faire pour que ça cesse.
Bien sûr, il a déjà été victime du syndrome de membre fantôme, puisque c’est ainsi que le grand consortium médical appelle ce phénomène, mais jamais la douleur n’a été aussi vive. Il ressent le désir irrépressible d’arracher les fragments inexistants, d’appuyer sur la plaie imaginaire, d’apaiser le mal… À défaut, ses doigts se resserrent sur le drap blanc, tirent dessus dans l’espoir de pouvoir le contenir ou en tout cas de penser à autre chose.
Rien n’y fait. Il s’accroche. En plus de la souffrance, il a vraiment l’impression de pouvoir sentir le membre disparu. Son contour, sa teneur, les nerfs, les muscles… Son cerveau ne perçoit pas l’information donnée par ses yeux ou alors il refuse simplement d’en tenir compte. Pourtant Jake sait bien que ses jambes lui ont été arrachées à tout jamais, du moins dans la réalité.
Dans ce monde ci, le vrai.
Loin de la cabane de ranger et de Williams, de cet univers sans doute créé par son esprit sous l’influence d’une tumeur qui, Dieu soit loué, ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
(…)
Plusieurs minutes passent, sans que cette technique ne voie une quelconque amélioration. En désespoir de cause, le jeune homme décide d’utiliser une autre approche. De sa main, il vient tâter sa plaie à la tête. Le gros pansement trône toujours au niveau de sa tempe, en bon rappel de cet accident stupide qui a pourtant permis aux médecins de découvrir sa tumeur. Une mauvaise chose peut parfois en entraîner une bonne, se dit-il avant d’appuyer assez fort dessus pour provoquer une décharge. L’élancement lui déchire tout le côté droit du visage. Il retient un juron, grimace, regrette presque son geste. Sauf que ça a fonctionné. Enfin presque. La douleur de son genou est toujours là, bien présente malgré le membre inexistant, par contre elle est devenue supportable. Il soupire de soulagement. Il a un mal de chien au crâne mais au moins sa jambe (quelle ironie de penser ça !) va mieux.