vendredi 4 octobre 2013

Nouveaux extraits : chapitres 2 et 3

Lucrétia discute avec le médecin

La médecin continuait de l’observer. Lucrétia réalisa que son petit intermède introspectif avait dû durer un bon moment, mais n’allait surement pas s’en excuser.
-  Où ça ?
-    Vous allez passer un scanner. À cause de vos pertes de connaissances et de cette amnésie.
-   Je ne suis pas amnésique.
Bon sang, mais est-ce qu’elle avait seulement écouté un traitre mot de son histoire ? Apparemment pas. La praticienne la fixait derrière ses petites lunettes. Un vague sourire étirait ses lèvres. Lucrétia avait presqu’envie de la prendre et la secouer comme un prunier. Qu’elle réagisse, quoi !
-    Je m’appelle Lucrétia Bennett et je suis détective privé. J’habite au 255 Church Avenue. Vérifiez si vous voulez ! Appelez mes parents, mes amis ! Ils vous confirmeront ce que je vous ai dit.
Elle s’arrêta lorsqu’elle réalisa que toutes ses révélations ne produisaient aucun effet sur le médecin. Soit elle avait le tempérament d’une plante verte, soit elle avait l’habitude de ce genre de délire. Dans les deux cas, Lucrétia l’avait dans l’os, pour parler vulgairement. Elle se mit à soupirer.
-    Évidemment… pourquoi est-ce que vous me croiriez ?
-   Oui, pourquoi en effet.
De son immense main, elle se frotta les yeux avec dépit. Que faire ? Que faire ? Que faire ? Elle n’allait tout de même pas accepter de jouer ce jeu absurde ? Mais avait-elle seulement le choix ?
-   D’accord je vais passer ce scanner.

  (...)

Où on la conduit à sa cellule

Elle se garda bien de répondre. De toute façon le garde voulait juste la titiller. Il se mit à sourire, dévoilant une rangée de dents inégales et qui mériteraient sans doute un bon détartrage. Lorsqu’elle passa devant lui, Lucrétia lui adressa un regard mauvais, sans pour autant l’impressionner. Le maton se départit d’un rire gras.
-    Cette fois, fais gaffe aux vitres ! C’est quand-même dommage d’abimer une belle gueule comme ça !
Elle serra les poings, mais garda la tête baissée. Mais où avait-elle atterri ? Même les gardes, pourtant supposés montrer l’exemple, n’hésitaient pas à l’insulter ! Le fait de côtoyer des détenus à longueur de journée avait peut-être déteint sur eux, à moins qu’ils ne soient simplement méchants de nature. Lucrétia s’en fichait. Tout ce qu’elle voulait c’était survivre suffisamment longtemps pour trouver le moyen de rentrer chez elle. 

 (...)

Où elle rencontre son compagnon de cellule


Sa voix grave la surprit. Il se leva tranquillement, entrant enfin dans la lumière de la minuscule pièce. Son crâne chauve luisait sous l’halogène du plafond.
-    Ulysses Grant.
Il lui tendit la main. Surprise, elle resta les bras ballants pendant une bonne seconde, se contentant de le regarder. Lorsqu’elle répondit enfin à l’invitation, il hocha la tête.
-    On peut dire que tu es connu ici. Mais ne t’inquiètes pas, je n’ai rien contre les flics.
Aussitôt un immense poids quitta sa poitrine. Elle en aurait presqu’hurlé de joie. Maintenant qu’elle savait que sa vie n’était plus en danger, du moins pour le moment, elle s’adossa contre l’un des montants du lit.
-    Ulysses Grant…  C’est en rapport avec le président ?
-    Mon père était un grand passionné d’histoire.
-     J’imagine, pour appeler son fils comme ça… Ça n’a pas été trop dur ? À l’école ?
Elle et sa grande bouche ! Il fallait vraiment qu’elle fasse attention à ce qu’elle disait surtout ici. Une parole de travers, et zwip ! Plus de Lucrétia !
-  Je veux dire… les enfants ne sont pas toujours tendres avec leurs camarades et parfois le moindre prétexte suffit à la moquerie…



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