Ecriture :
Chapitre 1 : terminé
Chapitre 2 : terminé
Chapitre 3 : terminé
Chapitre 4 : commencé
Nombre de pages : 16
Nombre de mots : 14 030
Nombre de signes (sans espaces) : 68 864
Extraits :
Dès
qu’il eut quitté la cellule, elle se dirigea vers la cuvette des WC, et prit
une profonde inspiration. Elle avait envie d’uriner depuis son départ de
l’infirmerie mais n’aurais jamais osé se soulager en présence de quelqu’un.
C’était maintenant l’occasion idéale pour s’en occuper, même si elle appréhendait
ce moment. Aller, il fallait bien y passer… Elle baissa son pantalon de
quelques centimètres et entrouvrit son caleçon d’une main un peu fébrile. Bon
ce n’était pas non plus comme si elle n’en avait jamais touché.
(…)
- Tu ne viens pas diner ?
Diner. Elle regarda sa montre.
Il était à peine 17h30. Comment pouvait-on bien diner à cette heure-là !
- Euh, si…
(…)
- C’est quoi ?
- Dégage, y’a du monde qui
attend !
Puisque c’était si gentiment
demandé… Lucrétia se dépêcha d’avancer puis attrapa une brique de lait et une
pomme avant de rejoindre Grant. Ils se
dirigèrent vers les deux seules places disponibles d’une longue table située
juste après les comptoirs.
- Au moins le visuel correspond à
l’odeur, déclara-t-elle en se laissant tomber sur une chaise branlante en vieux
plastique rouge.
- Le fameux hachis Parmentier du
lundi. À la tienne !
Elle
fit la moue. Du hachis Parmentier… elle aurait dû s’en douter en fait, même si
cette plâtrée gluante n’y ressemblait pas vraiment. Le problème restait que
c’était de la viande et qu’elle était végétarienne. Elle contempla la bouillie
avec dégout avant de repousser l’assiette.
(…)
Du bout des doigts, elle se mit
à émietter le reste de son pain avant de réaliser que Grant la regardait
curieusement.
- Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Rien… C’est juste qu’on ne me
regarde pas du meilleur œil, expliqua-t-elle.
Grant s’adossa contre le dossier
de sa chaise, la sienne était jaune canari, et jeta un coup d’œil discret vers
la table de derrière.
- Ah Russell… Décidément, il ne va
jamais te lâcher.
Elle avait un nom et la
confirmation que cet homme et Jarod étaient bien en froid. Elle releva un court
instant les yeux vers lui. L’homme la fixait toujours, sa bouche pliée en un
sourire à la fois mécontent et cruel.
- J’aimerais bien pourtant,
répliqua-t-elle en contemplant à nouveau son assiette encore pleine.
- Là encore je ne pense pas que ce
soit de ton ressort. Russell ne te lâchera pas tant qu’un de vous deux sera
encore en vie. Ou qu’il ait d’autres sources de préoccupation…
Elle le fixa, surprise.
- Comment ça ? Un autre
ennemi ?
- Par exemple…
Au fur et à mesure qu’elle
apprenait à le connaitre, Lucrétia ne cessait d’être étonnée par son compagnon
de cellule. Non seulement il était bel homme, rien à voir avec les autres
prisonniers malodorants et bardés de tatouages, mais il semblait à la fois
intelligent et instruit. Que faisait-il avant d’être envoyé ici ? Et
pourquoi 15 ans de réclusion ? Il n’avait pas l’air mauvais… et même si
l’habit ne faisait pas le moine, elle l’imaginait mal en en assassin amoral ou
trafiquant de drogue. Non, il ne venait pas des rues. Ce domaine marquait un
homme et il n’en avait aucune caractéristique. Restaient alors la fraude,
l’escroquerie, l’homicide involontaire… Là ce serait plus cohérent, plus en
touche avec le personnage. Ses instincts de détective reprirent le dessus.
Lucrétia se mit à observer discrètement son vis-à-vis. Ses cheveux châtain étaient parfaitement coiffés, avec une raie à peine perceptible sur le côté qui laissait retomber une épaisse mèche sur son front. Des yeux bruns, éveillés et curieux qui l’étudiaient de la même manière qu’elle le faisait. Elle sourit, jeta un rapide coup d’œil à ses mains : fines, sans
imperfection. Ses ongles étaient impeccables. On aurait presque pu croire qu’il
sortait de chez une manucure.
(…)
Grant
ne répondit pas, il continuait de dévorer son assiette avec un appétit surprenant. Lucrétia incisa le coin de sa brique de lait et s’en versa un
verre. À défaut de manger, elle pouvait au moins boire quelque chose. Elle
portait le verre à ses lèvres lorsqu’elle entendit un violent éclat. Un peu
plus loin sur sa droite, deux hommes en surpoids se rouaient de coup, tout en
vociférant un flot d’injures imagées. Leurs masses molles tombèrent bien vite
au sol, emportant avec eux leurs plateaux respectifs, sans que cela ne freine
pour autant leurs ardeurs. Le plus grand des deux, un noir qui avait de longues
nattes rasta prit finalement le dessus. Il s’assit sur son rival et le frappa à
plusieurs reprises en plein visage. Les cris retentissaient de toutes
parts : les siens, ceux de sa victime, mais surtout ceux des autres
prisonniers qui les encourageaient à continuer. Le sol était recouvert de
nourriture et de sang. Le groupe de détenus le plus proche s’était disposé en
arc de cercle autour des deux combattants, prêts à intervenir ou même à entrer
dans le conflit si l’occasion se présentait.
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